Exposition

À première vue – Brice Blanqué

  • Exposition Du 30 juillet au 31 août 2022

La galerie Loft sera fermée au mois d’août et ouvrira ses portes le jeudi 1er septembre. Nous vous souhaitons un bel été.


Les Beaux-arts de Paris et les galeries de Saint-Germain-des-Prés s’associent afin de permettre à de jeunes artistes diplômés d’exposer dans le format original de la vitrine, offrant ainsi un regard sur la jeune création pendant la période estivale.

La Galerie Loft présente les tableaux du jeune diplômé Brice Blanqué.


« Je mélange les mémoires » confie Brice Blanqué. Pour sûr, une sensation de déjà-vu émerge dès le premier regard posé sur ces toiles léchées qui sentent le tabac chaud, l’infusion d’antan ou la matière grise d’Einstein. Est- ce parce qu’elles convoquent des souvenirs ou des références personnels et paradoxalement communs à tous et toutes ? Ou qu’elles amusent l’œil enfantin cherchant à déchiffrer un rébus ?

Voyons ces ornements géométriques présents sur les papiers-peints et les tapis : entre style art déco et années 1970 remis au goût du jour, ces motifs sont soit traités à plat, soit convergent vers un point de fuite niché en profondeur. Les uns forment un écran ; les autres, un hors- champ. Cet au-delà de l’image – trahison magritienne – génère un espace artificiel, entre intérieur et extérieur, pour engager l’observateur dans une introspection, puis une extrospection.

Remarquons qu’une forme de confusion spatiale est provoquée par ces patterns faussement disparates qui s’harmonisent par une palette allant du noisette au rose saumoné, du bleu céruléen à l’ardoise, le tout ponctué de touches chatoyantes. Si l’atmosphère paraît feutrée, des fantômes hantent chaque scène silencieusement telles les réminiscences d’un passé ou le re- tour à la conscience d’une impression effacée. Ces spectres sont la trace visible des repentirs du peintre : Brice Blanqué joue avec la transparence esthétique et mentale avec une dextérité aussi technique que déconcertante. En résulte, une image trop méthodique, trop propre pour être réelle. Elle est cette œuvre déjà muséifiée, obligée de tisser un dialogue qui doit s’accorder avec les autres objets exposés dans une salle impeccable où rien ne doit entraver leur contemplation.

La peinture de Brice Blanqué pique exactement cette aporie : face à l’Angélus de Jean-François Millet cité dans l’un de ses tableaux, comment sentir « réellement » la dévotion des paysans… Cette observance imposée par l’institution ecclésiastique ne rappellerait elle pas celle imposée par l’institution muséale aux regardeurs ? Là, se loge peut-être la clé du rébus.

Anne-Laure Peressin